Le mot carrelet semble apparaître dans la langue française vers 1360. Il représentait en fait une sorte de tamis manié par les deux mains et qui servait à attraper des espèces aquatiques.
En 1760, Duhamel du Monceau explique dans son "Traité général des pêches et des poissons qu'elles fournissent" que le carrelet est une nappe de 6 à 8 pieds de côtés (1,8 m à 2,4 m) bordé par une corde.
Des perches courbes partent de chacun des cotés et sont liées à l'endroit où elles se croisent de façon à y attacher une troisième perche plus ou moins longue qui servira à porter et déplacer le filet.
On pratique ce genre de pêche dans des eaux peu profondes : mer, rivière ou étang. Les eaux troubles sont parfois conseillées, mais obligent le pêcheur à relever de temps en temps le filet sans qu'il sache si du poisson s'y trouve.
A la fin du XIXème siècle, on voit apparaître des mâts fixés sur les côtes. Ces derniers, avec l'aide de poulies et de treuils, permettent de pêcher avec plus de confort et sans avoir à se déplacer.

Les principaux ennemis du carrelet, surtout en bord de mer, sont les éléments qui se déchaînent parfois en tempêtes qui mettent à rude épreuve la structure en apparence fragile de ces constructions soumises aux aléas de la météo 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, du 1er janvier au 31 décembre.
En 1999, la tempête "Martin" (rafales de vent relevées à 235 Km/h dans l'ile de Ré) a détruit la quasi totalité des carrelets sur ponton de Charente Maritime (515 sur 590 !) et la survie du parc n'a pu se faire que grâce à un effort financier du département, de la région et de l'état pour favoriser la reconstruction des installations.

Cette opération a été largement pilotée par l'association "Les Carrelets Charentais" qui a même bénéficié d'un "emploi jeune" pour aider le Secrétaire au traitement de dizaines de dossiers de demandes de subventions.

En 2010, la tempête "Xynthia" (conjonction exceptionnelle à marée haute d'un fort coefficient, d'un puissant vent de sud et d'un important creux dépres­sionnaire), grâce au respect de règles de construction et de choix de matériaux adoptées au moment de la recons­truction évoquée plus haut, a fait moins de dégâts et les carrelets ont mieux résisté aux assauts des éléments déchaînés, leur géométrie offrant le moins de prise possible aux vagues et au vent.

Le "M01" après la tempête Martin ...

Le "M01" : après reconstruction ...

De nos jours, bien que les systèmes se soient améliorés, le fonctionnement reste à peu près le même.

La pêche au carrelet sur ponton devient un loisir. De nombreux aménagements de sécurité et de confort sont apparus pour une utilisation plus familale et amicale : cabanes aménagées pour permettre le repos et les repas, rambardes le long de la plateforme et de la passerelle, etc.,

Les touristes sont intrigués par ces installations qui deviennent une attraction touristique qu'ils s'amusent à photographier.

Les municipalités où sont implantés les carrelets comprennent très vite le parti qu'elles peuvent tirer de leur présence, en termes d'attractivité et de fréquentation touristique génératrice de ressources.

Le carrelet est devenu une image emblématique des côtes de Charente maritime et se retrouve fréquemment dans l'iconographie publique ou privée du département.

Depuis 2014, il contribue aux animations estivales culturelles, artistiques et festives proposées par l'association "Territoires Imaginaires" dans des villes comme Port des Barques et Fouras les Bains par exemple.

Le numéro 62 de notre "Écho des Estuaires" évoque la diversité des carrelets dans le monde...

Histoire du "carrelet"...

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